Les professionnels de santé sont la base de notre système et sont, de ce fait, irremplaçables. Face aux défis sanitaires d'aujourd'hui et de demain, il est donc indispensable de former et d’emmener une véritable augmentation des personnels de santé et cela à tous les niveaux de formation.
Cependant, cette volonté se heurte à un problème récurrent, celui du recrutement. Chaque niveau de formation a ce problème mais avec des causes et des origines différentes.
Parce que je suis convaincue que seuls les professionnels de santé ont les clés pour répondre à ce problème, il est maintenant temps de les entendre.
Vous avez des remarques, des questions, des propositions ? Alors participez vous aussi à la discussion en répondant à ce post ! De cette manière nous construirons ensemble le système de santé de demain, plus juste et plus performant.
Pour consulter les propositions correspondantes : https://www.observatoirereformesante.fr/humain-au-coeur-du-système
Madame la Députée,
Tout d'abord, je tiens à vous remercier pour votre initiative et d'avoir lancé l'observatoire de la réforme du système de santé. Si beaucoup de propositions vont dans le bon sens, je pense à la reconnaissance des IADE en IPA, je suis en désaccord avec d'autres propositions visant à reconnaître la pratique avancée pour :
- Les IDE scolaires (selon moi, ce n'est pas la priorité ! On manque de médecins !)
- Les Infirmiers en santé au travail (ce n'est pas la priorité ! La priorité est de combler la pénurie de médecins en santé au travail !)
- Les IPA pour la stabilisation de maladies chroniques (idem, ce n'est pas la priorité, on manque de plus en plus de médecins généralistes !)
- Les IPA en gériatrie (idem, on manque de gériatres/coordinateurs et d'aides soignants !)
AVIS AUX LECTEURS : ON MANQUE DE MEDECINS & D'AIDES SOIGNANTS DANS LES EHPAD & HOPITAUX (pour preuve, la DGOS aurait proposé de former en 15 jours des ASH pour exercer la fonction d'AS temporairement selon plusieurs quotidiens spécialisés dans la santé)
Aussi, le développement de certains spécialités IPA me questionne : N'y a t'il pas un risque que son développement se fasse au détriment de professionnels de santé qui disposent déjà des compétences, je pense par exemple aux médecins généralistes ? Quid de la coordination des soins ?
Le développement des IPA est tout sauf une priorité, à l'exception de la reconnaissance légitime des IADE en IPA (là, oui dans votre métier c'est selon moi justifié, idem pour les IBODE, IPDE, et enfin pour les IPA en santé mentale qui ont été créé récemment)
Néanmoins, je souhaite intervenir pour la valorisation des aides-soignants, dossier selon moi bien plus prioritaire que le dossier des IPA. Je vous invite à aller rencontrer des directeurs d'EHPAD, de structures, de cliniques. Je ne connais pas un seul directeur me disant à l'oreille : " Nous attendons de pied ferme les IPA ". Non les besoins sont en médecins coordinateurs et en AS. De très loin.
Beaucoup d'EHPAD n'arrivent pas à recruter. La question, c'est pourquoi ? :
1°/ La rémunération :
Elle n'est pas à la hauteur des responsabilités des professionnels & de la pénibilité exerçant dans ces lieux de vie (SMIC pour une aide-soignante). Je rappelle aux lecteurs qu'un professionnel de santé a une responsabilité civile/pénale….même en travaillant en tant que salarié. Certes, en cas de procédure, c'est l'entreprise qui sera poursuivie mais rien n'empêche à l'employeur de se retourner contre son salarié en cas de faute grave. (Risque de perte du droit d'exercice pour le salarié)
2°/ Les conditions de travail :
Les EHPAD souffrent de sous-effectif, aggravé par les départs à la retraite des soignants qui va se poursuivre jusqu'en 2025 selon la DREES. Le personnel a moins de temps à consacrer aux résidents/patients, démotivant davantage le personnel, générant davantage de RPS/TMS….et in fine, d'arrêts maladies. Aussi, l'encadrement est dans l'ensemble de mauvaise qualité. Il existe des procédés dans certains EHPAD qui sincèrement, se termineraient en pugilat dans d'autres secteurs d'activités. (Heures sup difficilement payés)
3°/ Une dévalorisation de la fonction :
Aide-soignant/ASH sont des fonctions méprisées par la société civile/le système de santé français. Conséquences terribles car la DREES évoque une baisse de 40% de candidats dans les IFAS, dans son étude rendue en décembre 2019. Dois-je rappeler que la fonction d'Aide-soignante est reconnue niveau 5 ? Je n'ai rien contre les CAP/BEP, mais compte tenu du transfert des tâches accru réservées aux IDE vers les AS, il est nécessaire de valoriser réellement cette fonction (reconnaissance niveau IV, vous avez fait cette proposition qui va dans le bon sens, hausse accrue de la rémunération, passerelles améliorées pour exercer d'autres métiers connexes)
4°/ L'organisation des EHPAD
Les EHPAD ont des marges de manœuvre très limitées à cause des pouvoirs publics (je pense aux ARS) qui imposent le nombre de personnel aux directeurs qui, certains et ils existent, il faut le dire, aimeraient augmenter leurs aides-soignants mais ne peuvent pas le faire.
Tout cela génère une ambiance de travail toxique où l'effort/le dépassement de soi, n'est pas rétribué à sa juste valeur, générant démotivation du personnel en exercice.
Arrêtons avec les rapports, conférences, colloques ! Donnons de l'espoir aux personnels travaillant dans ces lieux de vie ! Il faut tout revoir et apporter des solutions concrètes. J'en propose 3 :
1ère piste : Valoriser la fonction d'AS avec hausse de salaire, récompenser l'effort, prévoir une rémunération sur le mérite (Prime, une reconnaissance niveau IV de leur formation, transfert de tâches de manière légale d'IDE aux AS déjà effectuées, favoriser les passerelles, formation continue jusqu'à la fonction d'IDE avec prise en charge financière par un organisme de formation rattachés aux EHPAD via des fonds privés/publics).
2e piste : Revoir le financement des EHPAD : Certains directeurs en ont marre d'être assujettis à l'ARS et n'ont pas de marges de manœuvre dans la gestion de leur politique RH. Ce mode de financement bloque les recrutements, entraînant un sous-effectif chronique, sources de RPS/TMS et in fine, de démissions.
3e