Madame la Députée, Tout d'abord, je tiens à vous remercier pour votre initiative et d'avoir lancé l'observatoire de la réforme du système de santé. Si beaucoup de propositions vont dans le bon sens, je pense à la reconnaissance des IADE en IPA, je suis en désaccord avec d'autres propositions visant à reconnaître la pratique avancée pour : - Les IDE scolaires (selon moi, ce n'est pas la priorité ! On manque de médecins !) - Les Infirmiers en santé au travail (ce n'est pas la priorité ! La priorité est de combler la pénurie de médecins en santé au travail !) - Les IPA pour la stabilisation de maladies chroniques (idem, ce n'est pas la priorité, on manque de plus en plus de médecins généralistes !) - Les IPA en gériatrie (idem, on manque de gériatres/coordinateurs et d'aides soignants !) AVIS AUX LECTEURS : ON MANQUE DE MEDECINS & D'AIDES SOIGNANTS DANS LES EHPAD & HOPITAUX (pour preuve, la DGOS aurait proposé de former en 15 jours des ASH pour exercer la fonction d'AS temporairement selon plusieurs quotidiens spécialisés dans la santé) Aussi, le développement de certains spécialités IPA me questionne : N'y a t'il pas un risque que son développement se fasse au détriment de professionnels de santé qui disposent déjà des compétences, je pense par exemple aux médecins généralistes ? Quid de la coordination des soins ? Le développement des IPA est tout sauf une priorité, à l'exception de la reconnaissance légitime des IADE en IPA (là, oui dans votre métier c'est selon moi justifié, idem pour les IBODE, IPDE, et enfin pour les IPA en santé mentale qui ont été créé récemment) Néanmoins, je souhaite intervenir pour la valorisation des aides-soignants, dossier selon moi bien plus prioritaire que le dossier des IPA. Je vous invite à aller rencontrer des directeurs d'EHPAD, de structures, de cliniques. Je ne connais pas un seul directeur me disant à l'oreille : " Nous attendons de pied ferme les IPA ". Non les besoins sont en médecins coordinateurs et en AS. De très loin. Beaucoup d'EHPAD n'arrivent pas à recruter. La question, c'est pourquoi ? : 1°/ La rémunération : Elle n'est pas à la hauteur des responsabilités des professionnels & de la pénibilité exerçant dans ces lieux de vie (SMIC pour une aide-soignante). Je rappelle aux lecteurs qu'un professionnel de santé a une responsabilité civile/pénale….même en travaillant en tant que salarié. Certes, en cas de procédure, c'est l'entreprise qui sera poursuivie mais rien n'empêche à l'employeur de se retourner contre son salarié en cas de faute grave. (Risque de perte du droit d'exercice pour le salarié)
2°/ Les conditions de travail : Les EHPAD souffrent de sous-effectif, aggravé par les départs à la retraite des soignants qui va se poursuivre jusqu'en 2025 selon la DREES. Le personnel a moins de temps à consacrer aux résidents/patients, démotivant davantage le personnel, générant davantage de RPS/TMS….et in fine, d'arrêts maladies.
Aussi, l'encadrement est dans l'ensemble de mauvaise qualité. Il existe des procédés dans certains EHPAD qui sincèrement, se termineraient en pugilat dans d'autres secteurs d'activités. (Heures sup difficilement payés)
3°/ Une dévalorisation de la fonction : Aide-soignant/ASH sont des fonctions méprisées par la société civile/le système de santé français. Conséquences terribles car la DREES évoque une baisse de 40% de candidats dans les IFAS, dans son étude rendue en décembre 2019.
Dois-je rappeler que la fonction d'Aide-soignante est reconnue niveau 5 ? Je n'ai rien contre les CAP/BEP, mais compte tenu du transfert des tâches accru réservées aux IDE vers les AS, il est nécessaire de valoriser réellement cette fonction (reconnaissance niveau IV, vous avez fait cette proposition qui va dans le bon sens, hausse accrue de la rémunération, passerelles améliorées pour exercer d'autres métiers connexes)
4°/ L'organisation des EHPAD Les EHPAD ont des marges de manœuvre très limitées à cause des pouvoirs publics (je pense aux ARS) qui imposent le nombre de personnel aux directeurs qui, certains et ils existent, il faut le dire, aimeraient augmenter leurs aides-soignants mais ne peuvent pas le faire.
Tout cela génère une ambiance de travail toxique où l'effort/le dépassement de soi, n'est pas rétribué à sa juste valeur, générant démotivation du personnel en exercice.
Arrêtons avec les rapports, conférences, colloques ! Donnons de l'espoir aux personnels travaillant dans ces lieux de vie ! Il faut tout revoir et apporter des solutions concrètes. J'en propose 3 :
1ère piste : Valoriser la fonction d'AS avec hausse de salaire, récompenser l'effort, prévoir une rémunération sur le mérite (Prime, une reconnaissance niveau IV de leur formation, transfert de tâches de manière légale d'IDE aux AS déjà effectuées, favoriser les passerelles, formation continue jusqu'à la fonction d'IDE avec prise en charge financière par un organisme de formation rattachés aux EHPAD via des fonds privés/publics). 2e piste : Revoir le financement des EHPAD : Certains directeurs en ont marre d'être assujettis à l'ARS et n'ont pas de marges de manœuvre dans la gestion de leur politique RH. Ce mode de financement bloque les recrutements, entraînant un sous-effectif chronique, sources de RPS/TMS et in fine, de démissions. 3e piste : Jouer la carte de transparence : Les EHPAD qui rétribuent des actionnaires devront communiquer aux clients leur mode de fonctionnement. (investissement en matériel, formation du personnel, ratio patients/soignants, bref justifier leur prestations. L'information doit être accessible, téléchargeable, contrôlée et gratuite). Ainsi, soignants et résidents pourront voir quels établissement sont bien gérés ou pas. Dans une économie de marché où la rareté est valorisée, où les prix sont libres, où l'information circule librement, les professionnels de santé devraient percevoir une rémunération deux fois plus importante ! Ce n'est pas le cas compte tenu de l'importance du poids de l'Etat dans la gestion de la santé publique en France.
Aujourd'hui, nous en payons le prix, et la note est malheureusement très salée !